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Aides pour les transports en commun : grandes absentes des nouvelles mesures de l’État

Où sont les aides pour les transports en commun ? 

Le plan de sobriété énergétique, la loi pour le pouvoir d’achat, ou encore le plan covoiturage ont marqué l’actualité de cette fin d’année 2022 avec plusieurs mesures visant à favoriser les mobilités « douces ». Ces dernières proposent différents coups de pouce financiers pour les ménages comme un bonus au covoiturage de 100 euros. Pourtant, elles délaissent un poste de dépenses pourtant principal : les aides pour les transports en commun. 

Les rares propositions de lois sur les transports concernent des réductions à la pompe ou encore le doublement des plafonds de la prime transport. En effet, aucune aide massive sur les transports en commun n’a été proposée. Les autorités organisatrices de mobilités (AOM) pointent du doigt l’absence d’un soutien économique réel face à de lourdes pertes de recettes commerciales (30% pour l’année 2022, soit 2,35 milliards d’euros). La recette du versement mobilité quant à elle a chuté de 5% en 2020. Des pertes que partiellement compensées. 

Or, si l’État doit soutenir les ménages, une opportunité existe dans des transports collectifs responsables, partagés, et susceptibles de réduire le nombre de voitures individuelles en circulation. L’appel à saisir cette opportunité a été relayé par les présidents des métropoles d’Île-de-France, Lyon, Toulouse et Nantes au travers de différentes mesures. Parmi elles, aligner la TVA du secteur – puisqu’il s’agit d’un service essentiel – sur le taux réduit de 5,5 %. Mais aussi, augmenter le taux maximum du versement mobilité. Ou encore engager le gouvernement sur un budget de 9 milliards d’euros sur cinq ans dans le cadre d’un plan de développement des transports collectifs. Ceci, y compris en faveur des territoires moins denses. 

74% des Françaises et Français utilisent la voiture pour se rendre au travail 

En France, le moyen de transport privilégié reste la voiture individuelle : 74% la choisissent pour se rendre au travail[1]. Les ménages consacrent en moyenne 15% de leur budget à la mobilité, et 21% pour les plus modestes car la part du carburant y est 4 fois plus importante

Au-delà des considérations économiques, nous ne pouvons pas occulter les préoccupations écologiques. Dans l’Union Européenne, le secteur des transports est responsable de près de 30% des émissions de CO2. La voiture individuelle serait quant à elle responsable de près de 60% des émissions totales de CO2 du transport routier[2]. Pourtant, le choix ne devrait pas se faire entre son porte-monnaie et le respect de l’environnement. Selon les résultats de l’enquête annuelle de l’Observatoire de la mobilité, 93 % des personnes interrogées estiment nécessaire de développer davantage les transports publics. L’UTP (Union des transports publics et ferroviaires) évalue ainsi le besoin actuel à au moins 500 millions d’euros par an pour développer les réseaux de transports. 

Des solutions de mobilité durables existent mais ne sont pas inscrites aux agendas 

Plusieurs solutions de mobilités alternatives existent pour diminuer l’usage de la voiture individuelle, à l’instar du transport public en bus, métro, train ou tramway ou des solutions de mobilité douce comme le vélo. Toutefois, le covoiturage institutionnalisé et le Transport à la Demande (TàD) contribuent particulièrement à un usage plus raisonné de la voiture.

Le Transport à la Demande est un mode de transport qui réunit flexibilité et éco-responsabilité. Des navettes partagées sont réservables en temps réel ou à l’avance, et viennent compléter de manière optimisée et en toute flexibilité les réseaux de transport en commun structurants. 

Alors qu’il permet à 33% des ménages[3] de se passer de leur voiture, le TàD reste un mode de transport encore trop peu connu et souvent absent des solutions envisagées pour transformer structurellement et durablement le paysage de la mobilité en milieu peu dense. Mieux : près de 10% des usagers du TàD affirment que le nombre de voitures de leur foyer a baissé. 

Décideurs politiques, opérateurs, techniciens, journalistes spécialisés, milieu associatif, usagers : il est temps de porter plus loin cette révolution que plusieurs dizaines de collectivités ont initié partout en France. Il est l’heure de porter haut les valeurs du transport public tout en s’assurant que chaque euro dépensé l’est à bon escient. Il est temps d’exiger la promotion dans tout notre pays de modes de déplacement partagés et durables comme vraies alternatives à la voiture individuelle et d’exiger l’étude sérieuse de leur implémentation, partout où c’est possible.

Grégoire Bonnat et son équipe

[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5013868
[2] https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20190313STO31218/emissions-de-co2-des-voitures-faits-et-chiffres-infographie
[3] Étude interne Padam Mobility, 2020